Bengut résiste

On ne peut parler de Dellys sans citer son phare à feu fixe qui domine la baie et signale aux navigateurs l’entrée du port. La vieille ville de Dellys, située sur un promontoire escarpé (Cap Bengut), offre un riche mélange de potentialités naturelles, culturelles, historiques et touristiques avec plusieurs vestiges qui sont le témoignage des différentes civilisations, datant des époques punique, romaine et turque.



Le phare Bengut situé à une centaine de kilomètres à l’est d’Alger n’a pas été épargné par les actes terroristes puisque une bombe artisanale de forte intensité l’a sérieusement endommagé le 22 février 1994 à 20h 40. Ce monument historique, de grande importance pour la navigation maritime, a été opérationnel depuis 1881. Le phare Bungut considéré comme l’un des plus vieux phares d’Algérie, comme l’appellent les gens de Dellys « Bordj Fnar », a nécessité plus de six ans de travaux pour sa remise en service dans l’intérêt de la navigation aérienne et maritime. Les pêcheurs ont été les premiers à être rassurés par les rayons lumineux qui durent dix-sept secondes et peuvent atteindre jusqu’à 95 km. Ces derniers sont visibles de la ville d’Azeffoun, 60 km à l’est de Dellys et jusqu’aux hauteurs d’Alger à l’ouest. Le phare a été construit six ans après celui de Aïn Benian, dit Caxine en 1845 par M. Bengut qui, indique-t-on, a découvert ce site qui présente toutes les conditions pour son implantation. Le phare composé de 36 tours a été bâti sur une parcelle de terre la plus élevée et la plus avancée au niveau de la mer dans la zone appelée la Djena au centre, entre le port à l’est et le château fort à l’ouest. Ce monument a été réalisé pendant la période coloniale où la ville de Dellys a connu un épanouissement. Les autorités coloniales de l’époque n’ont pas lésiné sur les moyens pour que la ville de Dellys devienne une capitale administrative de la basse Kabylie. Ce gigantesque phare portant le nom de son concepteur dispose d’une tour avec un minaret abritant l’ensemble de l’appareillage composé d’un ensemble de feux de secours, d’un capteur électrique, d’un soubassement tournant sur cuve à mercure, d’un contrôleur de rotation, d’une platine d’alimentation de la lampe, d’une lampe aux allogènes avec chargeur de lampe, d’une optique à éclats, d’une cellule d’allumage du feu de secours et une machine de rotation des moteurs dont un de secours. Une girouette indiquant la direction des vents et la pointe de choc du paratonnerre servent à la protection de l’édifice des effets de la foudre. Si cet édifice de grande importance pour la navigation aérienne et maritime a été épargné durant les deux guerres mondiales, il n’a pas échappé à la horde intégriste en 1994, à la nature, où le séisme du 21 mai 2003 a été terrible pour le phare Bengut qui reste encore debout, mais complètement délabré et fissuré. Au moment où nous sommes passés, Bordj Fnar donnait l’impression d’être abandonné et livré à lui-même puisque les travaux de réfection et de rénovation n’ont pas encore été entrepris une année après le séisme.



Par Khider B.

 

 

 

 

 

 

 


17/08/2008
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